Évacuations sanitaires

Tout Burkinabè dont l’état de santé nécessite des soins qui ne sont pas disponibles
au plan national est éligible à une évacuation sanitaire hors du pays » à travers le ministère de la Santé, lit-on dans les textes en matière de santé publique. Mais de l’avis du médecin traitant à la décision du ministre de la Santé, il se dresse un long itinéraire. Le dossier du patient devrait transiter par plusieurs étapes. Ce circuit est estimé par d’aucuns comme un parcours du combattant. C’est pour lever un coin du voile sur les mécanismes, les difficultés et les appréhensions qui entourent le processus des évacuations sanitaires hors du Burkina Faso que nous avons entrepris de traiter ce sujet.

Une évacuation sanitaire se définit comme étant l’opération qui consiste à transporter un malade d’un pays vers un autre pour des nécessités de soins, parce que le pays d’origine du malade ne dispose pas d’un plateau technique adéquat ou de compétences humaines (spécialistes) pour assurer une prise en charge appropriée de la pathologie du malade. Cela est différent d’une référence de malade, d’une structure de soins à une autre structure de soins de niveau supérieur à l’intérieur d’un pays ; par exemple du premier niveau de soins au deuxième niveau de soins, du deuxième niveau de soins au troisième niveau de soins. Au Burkina Faso, il existe un corpus de textes encadrant les évacuations sanitaires à l’étranger.

Toute évacuation sanitaire part toujours du médecin traitant

L’une des personnes ressources clé que nous avons rencontré dans le cadre du sujet sur les évacuations sanitaires à l’étranger, est le secrétaire permanent du Conseil national de santé, le Dr Roger Badiel. C’est des locaux du ministère de la santé, le 13 janvier 2020, que nous avons été conduits à son bureau situé dans l’enceinte de l’Ecole nationale de santé publique. C’est là que le jeune médecin pédiatre nous a reçu. D’un air calme et ouvert, après les salutations d’usage suivies de quelques brèves présentations, nous avons entamé notre entretien avec celui qui est le premier responsable du secrétariat permanent du CNS. Selon ce dernier, le point de départ d’une évacuation sanitaire est toujours le médecin traitant. Face au cas d’un patient dont il a la charge, le médecin traitant ayant fait le constat que les soins dont le patient a besoin, ne sont pas disponibles au plan national, soit par manque d’équipement soit par manque de personnel qualifié, décide alors que ce dernier a besoin d’une évacuation à l’étranger pour ses soins. A ce moment, le médecin traitant constitue un dossier médical qui conclut à la nécessité d’évacuer le patient. « Exigence est faite que le dossier soit discuté dans le service du médecin traitant pour s’assurer que les soins dont le patient a besoin, ne sont pas disponibles au plan national et qu’il faudrait nécessairement évacuer le patient », a poursuivi Dr Badiel. A partir de ce moment, le médecin traitant fait passer le dossier devant un conseil de médecins ou de chirurgiens, selon la nature de la pathologie.